Où Trajan va un peu plus loin dans la réflexion du Copyout, la gratuité de la culture et la rémunérations des artistes.
Je vous ai expliqué un peu plus tôt mon point de vue sur ce que gagne une oeuvre à être diffusée largement : elle va rencontrer son public, qui saura l’évaluer, et la récompenser.
De nos jours, grâce à Paypal et globalement grâce aux paiements en ligne, faire un don à quelqu’un qu’on apprécie est d’une simplicité incroyable. Certes, ça nécessite quand même d’aller sur un site web, de sortir sa carte bleue, de recopier ses infos, de valider etc… mais on est loin du chèque par voie postale non ?
C’est simple, mais pas tant que ça, et puis la chose n’est pas encore rentrée dans les moeurs. Je sais que beaucoup de gens de ma génération ont l’impression d’avoir eu Internet toute leur vie, mais ce médium n’a débarqué en France que dans la 2e moitié des années 90, et même s’il a déjà changé BEAUCOUP, les mentalités évoluent à leur propre rythme.
L’important est donc de susciter cette évolution, de montrer aux gens ce qui existe, de leur laisser l’opportunité d’être convaincu par ce qui constitue une autre façon d’aborder la relation entre créateur et utilisateur (pour ne pas employer le terme, presque vulgaire, de consommateur).
Je prends un peu de temps pour développer mon argumentaire avant de vous présenter l’objet même de ce billet, asseyez vous confortablement :
Le premier argument de ceux qui défendent les droits d’auteurs est le suivant : comment un créateur peut il vivre si personne ne payes pour profiter de son oeuvre ? Un argument sensé, vous en conviendrez, mais qui ne réponds pas non plus à la question “pourquoi je dois payer mes CD 20€ ?”.
Je m’éloigne brièvement du sujet qui est la culture en général, ce qui inclut ce modeste blog, parce que beaucoup de gens télécharge de la musique, c’est donc un exemple plus parlant. Il existe des artistes qui publient leur musique sous licence Creative Commons, autorisant ainsi les auditeurs à la partager, à les réutiliser dans des cadres publics sans autorisation bref, à la propager. Il est fort probable que, si vous avez eu envie de faire partager cette musique, c’est que vous l’appréciez ”Copying is an act of love“, souvenez vous, donc comment récompenser un artiste qu’on apprécie, sans forcément passer par la case Hypermarché de la culture (pour ne pas citer de marque) où sur les 20€ du CD seuls 45 centimes parviendront finalement à l’artiste dont on a apprécié le travail ? Et encore, pour ceux qui ont eu la chance d’avoir un CD dans les bacs.
Paypal est la solution la plus couramment utilisée. Elle est facile d’implémentation, permet de donner ce qu’on veut, et correspond donc assez bien à la rétribution de musiques.
Mais, et je reviens du coup à la culture en général, et aux blogs en particulier, est-ce vraiment adapté pour récompenser un article qu’on a trouvé bien écrit, drôle ou pertinent ? Est ce qu’on peut raisonnablement demander à un internaute de sortir sa carte bleue, physiquement, pour rétribuer un article ?
Pour simplifier d’avantage cette action de “récompenser l’auteur”, et au delà de ça, pour abstraire vraiment le côté financier de la chose, une jeune société suédoise à inventé Flattr, un site qui vous permet, par un simple clic, à la manière d’un bouton “Like” de facebook, dire que vous appreciez l’auteur ou l’article. Mais avec un petit plus par rapport au “Like”.
Lors de l’inscription au site Flattr, vous faites un versement, qui va constituer votre réserve, et vous allez choisir, chaque mois, un montant que vous désirez allouer à la rétribution des oeuvres que vous aurez “flattées”. En ce qui me concerne, j’ai commencé petit, avec 20€ de réserve, et en consacrant 2€ / mois.
A la fin de chaque mois, Flattr va diviser ce montant alloué en autant de part que vous aurez flatté de contenus sur le mois en cours, et les verser directement aux auteurs concernés. Une fois la réserve épuisée, il vous faudra refaire un virement, rien n’est automatique, impossible de vous réveiller un jour en constatant que vous versez 10€ / mois à des oeuvres de charités (oui, parce que si vous ne flattez rien pendant un mois, l’argent est versé aux bonnes oeuvres).
Vous comprenez donc comment Flattr évite les écueils de la culture qui consiste à penser “je vais pas payer pour ça !”, car comme le rapport à l’argent est encore plus dématérialisé qu’avec une virement bancaire, on est plus en train de parler de payer pour une oeuvre, mais simplement de montrer son appréciation.
Et tout ça en un clic, c’est encore plus simple que de laisser en commentaire en disant “j’aime beaucoup ce que vous faites !”
Flattr n’est qu’une brique de ce que le web 2.0 permet en terme de propagation alternative de culture. Lorsque je vous aurait parlé de tout ce que j’ai à vous dire, on s’autorisera un petit moment de rêverie à imaginer ce que pourrait être un Internet où chacun paye volontairement le prix qu’il estime juste pour une oeuvre, aide les artistes qui se lancent sur des projets hasardeux, et choisis la culture qu’il souhaite promouvoir.
Et cela, chers lecteurs, passe par la réponsabilisation, la pédagogie, et la curiosité. Pas par la punition. Jamais par la punition.
Bonne journée
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