Où Mucius profite de l’occasion de la sortie annoncée de la cinquième édition de notre grand ancêtre Donjons et Dragons pour revenir sur ce jeu si particulier, un jeu que chacun joue à sa façon et qui, pourtant, reste le même. Il relate des histoires qu’il a recueillies sur Internet et qu’on lui a raconté, des histoires de joueurs de D&D… Ce pourrait être les vôtres, ce pourrait être les miennes.
Mon premier perso, c’était un gnome illusionniste. Sa première et dernière aventure s’est déroulée dans un tunnel à l’entrée d’un repaire de gobelins, accompagné d’un ranger elfe et d’un guerrier nain. Il faisait très noir, et le tunnel était couvert d’un liquide étrangement poisseux… Bientôt, les gobelins attaquèrent le groupe, et mon gnome sut que c’était son heure de gloire.
Un sort de “mains brûlantes” plus tard, le tunnel tout tapissé de tourbe et de poix naturelle a explosé comme une boule de feu géante ! Cela a réglé le problème des gobelins. Malheureusement, cela a aussi réglé le compte de l’elfe et du gnome, et pratiquement celui du nain. Hé hé… ça fait longtemps que je n’ai pas joué, ça me donne envie de m’y remettre !
D&D, ça a été une révélation pour moi. J’étais encore enfant, et j’avais déménagé dans un autre village avec une autre école, d’autres enfants… L’un d’eux a vu que je lisais des “livres dont vous êtes le héros”. Alors il m’a invité à jouer dans son groupe de Donjons et Dragons. Je me souviens avoir demandé “comment ça marche ?”… la notion de “pouvoir faire ce qu’on veut” en jeu était littéralement incompréhensible pour moi, à l’époque.
Mais une fois que je m’y suis mis, ça a été tout seul, et j’ai adoré ! Mon souvenir préféré, c’est notre groupe, en train de concevoir un plan devant l’antre d’un dragon noir. Je jouais un assassin, et on essayait de trouver un moyen de prendre le trésor sans réveiller le dragon, quand il nous est venu l’idée de l’assassiner… A l’époque, les multiplicateurs de dégâts et de critiques de l’assassin (une classe optionnelle bourrine du “Unearthed Arcana”, je crois) étaient incroyablement élevés.
Bon, ça nous a pris du temps de calculer les dégâts potentiels, et les autres membres du groupe m’ont même prêté du matériel (les bracelets de dextérité du guerrier, le ceinturon de force du prêtre, et ainsi de suite) à condition que je le leur rende après… J’ai oublié les détails, mais je me souviens d’une attaque sournoise ayant fait 131 points de dégâts. Avec une dague. J’ai tué le dragon en un coup. Oh, et j’ai effectivement rendu leur matériel aux autres, contraint et forcé…
Mais vive la première édition !
Je me souviens d’une séance de AD&D, 2e édition. J’étais le MJ et j’avais prévu un super scénar… Les joueurs avaient passé le week-end a peaufiner leurs nouveaux personnages grâce au supplément sur les races monstrueuses. Il n’y avait qu’un seul humain dans le groupe, un paladin… il y avait un guerrier orque, un ranger centaure qui était son ami, un magicien elfe, et un voleur pixie. Malheureusement, le joueur du Pixie a tout gâché… Il n’arrêtait pas de voler les possessions des autres joueurs (il me passait des mots à cet effet).
A la première rencontre du groupe, le magicien n’a pas pu lancer de sorts parce que le pixie avait volé ses composants magiques, et il en est mort. C’est là que les engueulades ont commencé, et que j’ai demandé aux gars de rester dans leur rôle. Le Pixie avait volé pas mal de choses, alors l’orque a cru bon de l’attraper, de lui arracher les ailes et de lui croquer la tête. Plus de Pixie. Le paladin a joué son rôle de Loyal Bon, et a attaqué l’orque. Plus d’orque. Bien entendu, le centaure était l’ami de l’orque, et a donc attaqué le paladin, qui n’avait pas une chance de s’e sortir après son combat contre l’orque.
Et voilà… avant la fin de la première heure de jeu, les personnages s’étaient entretués. Tout le monde était tellement en colère qu’on n’a plus jamais rejoué de créatures monstrueuses. On s’en est tenu aux types de personnages standards par la suite… Tout ce que j’ai pu tirer de ce supplément, c’est quelques bons méchants. Je n’ai jamais pu jouer ce scénario spécialement conçu pour des monstres et créatures fantastiques que je projetais.
Tout ça a commencé quand j’étais ado. Moi et le groupe, on jouait tous les samedis. On s’invitait les uns les autres, chacun à notre tour, et nos mamans fournissaient les gâteaux et les rafraichissements. Quand quelqu’un faisait une connerie, on le bombardait avec nos gommes… C’était avant D&D4, avant même la 3 ou la 3.5 et Pathfinder. J’avais la boite rouge du débutant, la boite bleue, la verte, la marron, et même la jaune, celle des derniers niveaux ! Un jour, je me souviens qu’un pasteur est venu à la maison parce que quelqu’un lui avait dit qu’on jouait à des jeux satanistes… On s’est bien marré !
J’ai commencé à jouer avec AD&D, première édition… du temps où il n’y avait même pas marqué “première édition” sur les bouquins. Je sais, ça date. Ah, mes amis, Kairedan le paladin, Morgaidien le mage et Braemos le clerc, combien vous m’avez donné de joies alors que j’empruntais votre rôle interchangeable pour m’aventurer dans de sombres donjons ou des terres inconnues ! Les mêmes m’ont suivi quand il a fallu créer des personnages de jeux vidéo.
Je me rappelle qu’on avait un guerrier qui nous mettait toujours dans le pétrin parce que le joueur ne comprenait pas que les PNJs puissent réagir à nos actions comme dans la “vraie vie”… Je me souviens de parties-marathon incroyables qui duraient tout un week-end, parce que j’étais à l’armée et que je ne revenais pas longtemps à la maison. Je me souviens avoir maîtrisé des parties pour mes amis, et plus tard pour mon fils et ses propres amis. Je me souviens qu’on s’écartait très souvent du scénario préparé et que j’improvisais pendant des heures… Que du bonheur.
Je me souviens de pas mal de bons moments, mais je crois que mes meilleurs souvenirs de jeu restent ceux avec des groupes de novices, qui n’avaient aucune idée de comment “être efficace en combat” et qui se concentraient sur le fait d’être dans leur personnage, de jouer leur rôle comme s’ils étaient la personne décrite par leur fiche. Cette idée a hélas périclité dans le jeu au fur et à mesure des années, notamment avec D&D4, qui se joue plus comme un jeu vidéo que comme on doit jouer un JdR.
Je devrais peut-être essayer de ressortir mes vieux bouquins et de voir à convaincre quelques jeunots de faire du jeu de rôles au lieu de tripatouiller des chiffres…
C’était ma toute première campagne, et je devais avoir entre 6 et 8 ans. Il faut vous dire que je suis un geek de la seconde génération… Tout ça c’est à cause de mon grand frère. Au lycée, il était nul en anglais. A tel point que sa prof avait dit qu’il ne progresserait jamais. Et notre papa cherchait quelque chose pour le motiver. A force de traîner dans toutes les boutiques de jeux et les librairies pour trouver des trucs amusants en anglais, il a trouvé… D&D. C’était du temps où les boites étaient mal traduites par des étudiants du côté des rares boutiques parisiennes, sous forme de photocopies vaguement agrafées ensemble et insérées dans les boites. Du coup, tout était plus ou moins en anglais.
Je suis né dix ans après mon frère, donc quand j’ai été en âge de jouer, le niveau était meilleur… Je me souviens que j’ai toujours joué, et que ça surprenait beaucoup mes amis à l’école. Et nous jouions en famille. Mon père a été notre MJ, non-stop, tous les soirs ou presque, pendant les vacances de pâques et les vacances d’été, chaque année, pendant… fort longtemps. Les détails de ma première campagne sont gravés pour toujours dans ma mémoire.
Mon frère était notre paladin (Le Chevalier de la Souche Feuillue), sa petite amie était la demi-elfe Salomé, un cousin jouait de temps à autres le guerrier demi-orque “Seigneur a la beauté noire” (le charisme n’était pas son fort…), je jouais un magicien appelé Zargon, et ma mère jouait le clerc, un “frère de Saint Cucufa”… Nous étions chargé par un monastère sacré de remonter une rivière “infectée par le Mal” jusqu’à sa source, pour régler le problème. Sur la route, notre groupe rencontrait de nombreux périls, depuis les animaux et monstres géants rendus fous par l’influence de la rivière jusqu’aux villages d’orques, d’hommes lézards et d’hommes poissons enhardis par les circonstances…
Nous n’avons jamais terminé cette campagne-fleuve, mais nous nous sommes bien amusés à la jouer pendant des années ! Par la suite, nous avons découvert l’Appel de Cthulhu, et notre groupe familial alternait les sessions. Et nous avons fait d’autres scénarios, d’autres campagnes, d’autres personnages… Mon frère jouait avec ses propres amis, et moi, j’ai plus tard joué avec les miens; peu à peu, on a cessé de jouer en famille. Quand on laisse la machine s’arrêter, c’est difficile de la redémarrer. Mais quand-même, j’ai rarement vu quelqu’un jouer un barbare de manière plus brutale que ma propre mère !
Il y a de nombreuses lunes, quand mes amis et moi étions plus jeunes, nous avons fait nos premiers pas à Donjons et Dragons. Notre MJ était un “vétéran” : il avait déjà joué avec ses cousins. Il nous a aidé à créer nos personnages, et tout et tout. J’étais le guerrier humain stéréotypé, et nous avions un prêtre elfe et un guerrier nain, avec l’équipement de base. Notre MJ a été suffisamment généreux pour nous donner un pécule de départ un peu plus conséquent que de coutume.
L’histoire a commencé comme tant d’autres : un petit village, des pillards orques, etc. Nous allions quitter la ville à la recherche du camp des orques quand le nain a lancé : “Je veux d’abord trouver un boulanger”… “Quoi ?!” Avons-nous tous répondu à l’unisson. Mais il n’en démordait pas. Il avait “une commande” à faire faire.
Et nous voilà en ville, chez un boulanger. Et le nain de demander “Je voudrais un cake aux fruits.” “Eh bien, nous avons une sélection juste là…” “Non, non. Trop petit. J’en veux un plus gros.” “Euh… Gros comment ?” “Gros comme 200 pièces d’or.” Nous l’avons tous regardé avec des yeux ronds. “Oh, et avec beaucoup de rhum, s’il vous plaît.” Bon. C’était son argent. Heureusement, le gâteau, même de cette taille, ne coûtait pas 200po.
Nous avons attendu pendant deux jours, le temps que cette monstruosité soit prête. Le cake était circulaire et faisait la taille d’une table… Il était gros, il était lourd, il était cher, et il mesurait 1m50 de diamètre sur presque 1m de haut. On l’a enveloppé dans plusieurs couches de drap. La seule manière logique de le transporter était de le rouler. D’après le nain, nous étions maintenant prêts à commencer l’aventure… Nous avons donc quitté le village, l’elfe, le nain, l’humain et le cake.
Pendant des semaines, nous avons mené notre quête, dans l’impossibilité totale de s’aventurer en terrain accidenté à cause de notre quatrième larron. Cependant, le cake aux fruits nous a bien servi lors d’une embuscade de gobelins, en faisant office d’abri mobile : il était si dense que les flèches s’enfonçaient mollement dedans sans nous faire de mal. Notre ami cylindrique nous a aussi aidé lorsque les rations ont manqué… Le cake, ça sèche, mais ça ne se périme jamais, après tout. Particulièrement celui-là, d’ailleurs, vu qu’il avait une saturation en rhum écartait toute la vermine et les germes.
Après trois semaines, nous sommes tombés sur le camp ennemi. Nous étions sur un escarpement, ils étaient près d’une rivière. Nous venions de nous débarrasser des sentinelles et nous discutions d’un plan d’attaque comportant discrétion et attaque en tenaille quand le nain a dit : “Est-ce que je peux voir le chef des orques ? J’ai la vision dans le noir.”
Un jet de perception, et il avait repéré sa proie. “Je vais utiliser le cake.” A-t-il dit. Nous étions trop éberlués pour dire quoi que ce soit. “Je vais. Utiliser. Le cake.” A-t-il répété. “Comment ?” a-t-on demandé. “Vous allez voir.” Le nain s’est mis debout au bord de l’escarpement, a soigneusement orienté le gâteau pour viser (ce n’est pas facile, avec un cake, je vous l’assure) et a poussé le gâteau, lâchant les chiens de guerre et les cerises confites…
Grâce à une série de jets particulièrement chanceux, le gâteau a roulé depuis le haut de la colline, ramassant des branchages et accroissant sa vitesse alors qu’il approchait de sa cible… Le cake avait creusé un sillon de 1m de large à travers le camp orque. Quand il s’est arrêté, aux deux tiers du camp, il n’était plus qu’une masse de branches, de draps, et surtout de chef orque mort. En un seul coup, le quatrième membre de notre groupe, ce valeureux cake, avait mis en déroute la menace orque. Notre MJ est resté là, ébahi. Nous étions tous hilares.
Le plus surpris était sans doute le nain, qui regardait sa feuille et la carte dessinée hâtivement sur du papier quadrillé. La plupart des gens n’aiment pas le cake au rhum… Moi je dis que c’est bien pratique pour tuer des orques.
Je rejoue ce soir. La semaine dernière, à Pathfinder, on a désamorcé les combats prévus par notre MJ à coups de jets de diplomatie, et la soirée s’est terminée une heure plus tôt à cause de ça… Je ne pense pas qu’il l’ait mal pris, mais on ne sait jamais… Il y a aussi eu la fois ou je n’ai pas pu être là pour la partie et où ce MJ a joué mon personnage, dans une autre campagne. La fois d’après, je l’ai retrouvé avec un bras en moins… Pas cool. Mais je pense qu’on est quitte, non ?
Le jeu de rôle m’a appris plein de trucs. Par exemple, quand on s’enfuit d’un donjon en train de s’écrouler, on n’essaie pas d’emporter les cadavres de ses amis avec soi. On était dans un donjon en tarin de s’effondrer, et le mage s’était fait tuer… ON savait qu’on allait pouvoir le faire revenir par magie à la ville, et il nous fallait son cadavre relativement intact pour ça. Le barbare l’a pris sur son dos, mais nous étions ralentis et trop chargés. Le plafond s’est effondré. La plupart des membres du groupe ont survécu, notamment le barbare (le cadavre du mage, réduit en bouillie par le choc, avait cependant absorbé une grande partie des dégâts) qui s’est extirpé des décombres…
Autre leçon, “Je suis votre ami !” n’est pas très convaincant face à un groupe de gobelins, même quand on est un gnome qui fait la même taille qu’eux… Autre groupe. Mon ami jouait un clerc qui croyait au pouvoir de la diplomatie et du charisme. Après force négociation avec les autres joueurs et le MJ, il entre dans la caverne des gobelins et leur fait face, sans armes, les mains tendues, prêt à leur parler. Le MJ lui dit “si tu me fais un bon discours, je te donne un bonus en diplomatie.” Le joueur n’a sorti que cette réplique navrante “Je suis votre ami !”… Et toute la tablée a éclaté de rire.
Les gobelins n’ont pas trouvé la diplomatie très convaincante et ont percé le gnome de leurs lances jusqu’à ce que le reste du groupe entre pour régler le problème. Dernière leçon… même à D&D4 où tout est super équilibré, il y a des personnages qui ne marchent pas. Par exemple le barbare-fée. Mais ceci, comme disait l’autre, est une autre histoire…
On a commencé à la troisième édition. On n’avait pas vraiment l’expérience “pré-jeu” colossale de ceux qui ont commencé avec les précédentes et se sont mis à la 3.5 par la suite, mais on s’amusait tout autant que ceux qui la considéraient comme une amélioration de AD&D2, voire de la 3e édition. On n’avait aucun supplément, juste les trois livres de base, et ça suffisait. Notre MJ génial nous avait mitonné des “préludes” pour chacun de nos personnages, pour nous faire découvrir les mécanismes du jeu… Je jouais un paladin du nom de Anduin (ouais, bon, pas très original, mais c’était mon premier perso). Un ami jouait Jago le druide, un autre jouait un barbare demi-orque appelé Gor’Mag, et le dernier membre du groupe était Cassius le magicien. On s’est tous bine amusés, et les préludes (je ne sais pas comment) étaient faits pour qu’une histoire commune se dessine progressivement. On avait tous nos propres histoires… J’étais accusé du meurtre d’un officier de haut rang, et on m’avait drogué pour que je n’ai pas d’alibi… Je me souviens qu’à un moment, on avait tous très faim (les joueurs, je veux dire). On est parti acheter des sandwichs au supermarché du coin, et le Mj est resté “pour préparer la prochaine rencontre”. Quand on est revenus, il avait construit une espèce de bateau pirate avec des livres et du carton, avec des carreaux pour les figurines ! Le combat qu’on a fait là-dessus fut grandiose : Cassius le mage a lancé une boule de feu qui a abattu le mat dans un déluge de flammes, Gor’Mag a survécu à un coup de baliste dans le ventre et a décapité le tireur qui l’attirait à lui grâce à la corde du harpon, et moi j’ai repoussé des morts-vivants jusque par-dessus bord ! On s’est tous bien amusés avec l’édition 3.5, et D&D4 a été la suite logique… et c’était fun aussi, même si ça n’a jamais été la même échelle que la précédente édition. On a même eu de bons moments avec D&D Next (la 5e édition que nous avons “playtesté”). Comment faire sortir un gobelin d’un arbre alors qu’il se cache et évite les flèches ? Facile, demander au druide d’invoquer un ours directement dans l’arbre. Apparemment, on peut faire ça avec la 5e édition… et ça a marché.
Cette année, c’est le 30e anniversaire de ma découverte du JdR. J’avais neuf ans, et je vivais pratiquement dans ma bibliothèque publique, en Angleterre… J’empruntais régulièrement des “livres dont vous êtes le héros”. Je n’avais aucune idée d’où acheter les livres, et je n’avais pas l’argent pour les acheter de toute façon. C’est grâce à la bibliothèque que j’ai mis la main sur le Manuel des Joueurs et le Guide du Maître de la première édition de D&D.
Sans aucune expérience, je suis quand-même arrivé à réunir quelques amis et à jouer, même s’il nous a fallu des heures avant de comprendre comment frapper les monstres et qu’un grand nombre de pages du Guide du Maître sont longtemps restées un mystère impénétrable ! Quelques temps plus tard, nous découvrions la caverne d’Ali-Baba qu’était le magasin Games Workshop local (c’était l’époque où Games Workshop était une chaîne peu importante de magasins de jeux de rôles et figurines généralistes, et distribuaient notamment Donjons et Dragons au Royaume Uni).
Nous nous sommes alors essayés à d’autres systèmes, d’autres plaisirs. Je suis revenu brièvement à AD&D avec la deuxième édition dans les années 90, le temps d’une campagne que le MJ voulait commencer au niveau 8… J’ai joué un elfe guerrier/mage honteusement mini-maxé pour infliger des masses de dégâts… Nostalgie !
On s’est fait les dents sur la première édition de AD&D, au collège. Et puis un jour, on avait 25 ans et on était bourrés, et on a décidé de se refaire une partie… C’était encore plus marrant que quand on était gosses ! On a joué quelques scénarios du commerce, et puis j’ai commencé à faire les miennes. Notre façon de jouer a évolué, mais on joue toujours avec les règles de la première édition. On a juste changé ce qu’on n’aimait pas, et on n’a pas eu besoin de dépenser une fortune en bouquins !
J’avais un groupe de joueurs assez chiant. Enfin, pas tous. Mais surtout un ou deux, qui, systématiquement, ratissaient tout ce qui se trouvait sur les monstres (jusqu’aux dents et aux griffes !) et tentaient de vendre ça à la ville entre deux aventures. Et en plus, ils marchandaient les prix pendant des heures…
A un moment, j’en ai eu marre. Je les ai laissé accumuler de la monnaie, et ensuite je leur ai fait faire un voyage en bateau. Tempête. Le bateau coule. Tout ce qui est lourd et dense, comme le métal, a coulé avec… On nage très difficilement avec des sacs d’or à al ceinture, alors il leur a bien fallu s’en délester ! Sur le moment, ça les a sacrément refroidis. Mais bon, c’est le jeu, ma pauvre Lucette…
Je suis peut-être tatillon quant au roleplay pour du D&D4, mais il y a une certaine dynamique qui s’ets créée dans mon groupe de joueurs… C’est un petit peu agaçant quand Therenn le sorcier n’arrête pas d’utiliser le terme “mec”, “putain” et “enculé” quand il parle aux PNJs. Je ne demande pas à mes joueurs de parler en alexandrins, ou de rajouter des “messire” et des “et c’est un prompt renfort” à la fin de chaque phrase, mais ce serait bien s’ils étaient un peu moins… familiers.
Mais bon, on s’amuse quand même ! On a un prêtre minotaure qui guérit les blessures en frappant les monstres, le fameux sorcier qui a un background intéressant et arrive à infliger une quantité invraisemblable de dommages, un “shifter” genre “wolverine” qui doit faire des jets de vigueur quand il a faim et qu’il y a des gens autour (il a déjà mâchouillé quelques gorges) et une humaine d’ascendance draconique qui est sortie du placard en plein combat en criant “au fait, les gars, je suis une demi-dragonne” et en crachant du feu… tout ça parce qu’un simple petit loup l’attaquait. Elle n’était même pas en vue des autres personnages. Enfin, si on s’attend à ce que les joueurs ne fassent que des trucs intelligents, aussi…
Je me souviens très bien de mes débuts… C’était du D&D 3.5, et le MJ était assez pingre sur les points d’expérience te les objets magiques. En plus, c’était mon mari, et il était pire encore avec mon personnage parce qu’il ne voulait pas qu’on croie à du favoritisme !
On avait un demi-orque paladin (Sym), une prêtresse demi-elfe (Elora), une ensorceleuse elfe avec un nom à coucher dehors (“Déteriane Âme-qui-chante”), un barde humain (qui s’était fait mordre par un loup-garou à un moment), un voleur elfe noir incroyablement égoïste, et un ranger demi-elfe connu seulement sous le nom de “Blue”. Un seigneur avait chargé notre groupe d’enquêter sur des disparitions de paysans sur ses terres. A notre grande surprise, nous avons découvert que le seigneur lui-même était responsable…
Le paladin n’allait pas laisser faire ça. Nous sommes retournés au château de notre commanditaire, en douce, grâce aux talents du voleur, mais le paladin (évidemment) nous a fait repérer. S’ensuivit un combat épique… le barde, presque mort, s’est changé en loup-garou, puis est mort peu après. L’ensorceleuse faisait ce qu’elle pouvait pour buffer le groupe, et Elora a soigné tout ce qu’elle a pu avant d’en arriver à ses deux derniers sorts : invisibilité, et vol. Elle les a utilisé, et elle s’est enfuie. Et elle a bien fait. Le voleur a utilisé une espèce de piège explosif pour faire un trou dans le mur du château juste au moment ou les survivants se faisaient déborder par les défenseurs… Le paladin a pris l’ensorceleuse et le cadavre du barde sous chacun de ses bras, et s’est enfui comme les autres, poursuivi par ceux du château ! L’ensorceleuse avait encore une ou deux boules de feu en réserve, et les tirait depuis l’épaule du paladin.
Alors que Sym le paladin était à pieds et pourchassé par un escadron de cavalerie, pour une raison inconnue, il s’est dit qu’il allait prendre cette forteresse à lui tout seul. Il a commencé à courir en cercle autour de l’enceinte ! Des flèches le suivaient, ainsi que les quolibets des assaillants. Surtout lorsqu’il a finalement fait presque le tour du château et qu’il est arrivé devant la porte principale. Et qu’il a décidé de charger la porte. Tout seul.
Des éclats de rire nous arrivaient des défenseurs, ainsi que du MJ, qui était tellement mort de rire qu’il avait du mal à respirer… Le joueur du paladin était pourtant sérieux ! Il pensait que le facteur “surprise” lui donnerait un avantage déterminant. Encore aujourd’hui, le MJ se tord d’un rire hystérique quand on mentionne l’histoire…
C’était au CM2, et notre maître d’école était un gros geek. Il organisait des parties en club avec les élèves après la classe. J’avais un guerrier qui s’appelait “hache”, armé d’une épée et d’une arbalète. Il y avait aussi un ranger qui était un cheval-garou (je ne sais pas comment c’est possible, mais je rappelle que nous avions neuf ou dix ans…) et un demi-orque très, très bête qui avait tendance à déclencher les pièges, mais tellement résistant qu’il y survivait…
On n’avait pas de boutique dans le coin, et il n’y avait pas Internet ni des PC comme maintenant… On avait un manuel des joueurs et beaucoup de photocopies, et on n’avait que des dés à six faces. On se débrouillait… On utilisait les pages d’un bouquin pour générer des nombres aléatoirement pour les d20 et les d10. On lançait des d6 en ignorant les résultats de 5 et 6 pour faire des d4. Pour les d12, on lançait un deuxième d6 et on ajoutait 6 au premier dé si le deuxième faisait 4, 5 ou 6. Je ne me souviens plus comment on faisait pour les d8.
La dernière fois, j’ai joué un anti-paladin. Le MJ avait accepté que je le joue au même niveau que les autres, et on a joué ma rencontre avec le reste du groupe… Il ne m’avait pas prévenu qu’il y avait un paladin Loyal Bon. Dés la première rencontre, après une “détection du Mal” sommaire, le paladin m’a attaqué. J’ai brisé son arme plutôt que de le frapper (j’essayais de ne pas le tuer, histoire de ne pas gâcher l’histoire), mais le pauvre n’avait visiblement pas compris, et jouait son paladin de manière complètement intransigeante.
Il a tenté une prise de lutte sur mon personnage, et s’est empalé tout seul sur mes pointes d’armure. Empoisonnées, bien entendu. Il en est mort. A sa décharge, c’est aussi la faute du MJ. L’ambiance à la table s’est refroidie bien vite… J’ai été chassé du groupe, et ce n’était même pas ma faute !
J’ai très tôt joué à ce jeu avec des figurines. Ces cinq dernières années, le terrain a acquis une importance de plus en plus grande… On joue souvent des batailles avec le vieux supplément “Battlesystem” et les quelques 3000 figurines qui remplissent mes placards. On a bidouillé les règles pour que ça soit plus fluide. Battlesystem a eu un succès fou auprès des militaires avec lesquels je travaillais (et avec lesquels je jouais), et, à un moment, la moitié des officiers de notre peloton fondait sur ma maison tous les mois pour jouer !
On joue toujours une fois par mois, parce qu’on a tous une vie… et puis ça me prends bel et bien un mois pour monter le diorama et préparer les figurines. La “grande table” a l’air différente à chaque fois. On commence sur la table de la salle à manger, et puis on passe à la “surprise” dans le garage… On est loin du papier quadrillé avec lequel on a commencé, mais chacun amène encore un plat et des boissons, à la fortune du pot. J’espère qu’on jouera encore longtemps !
Ma plus grosse erreur de débutant en tant que MJ, c’était il y a 7 ou 8 ans. Je leur fais le dilemme classique :sauver la damoiselle en détresse OU combattre le méchant. ils étaient supposés sauver la demoiselle, et laisser au méchant le temps de s’enfuir. Manque de bol, ils ont décidé de séparer le groupe… La voleuse a été sauver la damoiselle toute seule, et, parce qu’elle a eu une chance incroyable aux dés, a réussi en quelques rounds (discrétion, utilisation de cordes, acrobaties, équilibrisme… elle a utilisé toutes les vieilles compétences de voleur de AD&D) à tirer la prisonnière de son mauvais pas. Ensuite, elle a rejoint le reste du groupe qui retenait le méchant. Ils ont réussi à capturer leur adversaire.
Et voilà l’équivalent de trois mois de campagne déjà prévus qui tombent à l’eau. C’est la première et dernière fois qu’une séparation du groupe a fonctionné pour ces joueurs, et c’est la dernière fois que j’ai planifié aussi loin dans une campagne…
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