La Quête des Tigres de Papier

Où Mucius s’intéresse à la création et l’intégration en jeux de rôles du Mal à l’état pur, de l’horreur la plus absolue, à laquelle la plupart des gens veulent échapper (au moins pour un moment) en jouant une partie… La bureaucratie.

Oui, je sais, ça n’est pas exactement le sujet le plus “sexy”… Mais pour peu que vous vous intéressiez un peu au réalisme et que vous conceviez des cultures et des pays évolués, vous devrez (au moins un peu) vous intéresser à l’aspect administratif de la chose. Par ailleurs, la bureaucratie anonyme et tentaculaire, en tant qu’ennemi ou supérieur des PJs, peut faire partie intégrante d’un jeu, des corporations de Shadowrun aux hiérarchies des divers cultes de D&D.

Faire un rapport flatteur à l’administration est même le seul moyen d’acquérir des points d’expérience à INS/MV, le jeu où l’on joue anges et démons au service de supérieurs mesquins…

Bureaucratie” est un terme péjoratif… En théorie, une “administration” est un corps d’employés (ou de fonctionnaires, dans le cas d’un état) conçu pour offrir un service donné de manière efficace, c’est à dire que le service soit utile et arrive à point nommé. Traditionnellement, en pratique, ce sont des usines à gaz qui retardent, annulent ou rendent vaine la moindre procédure procédure, ne produisant rien d’autre que de la frustration chez des usagers paralysés.

Que propose exactement l’administration que vous voulez mettre en jeu ? Dans le monde contemporain, il est très facile de l’imaginer, et vous n’avez même pas besoin de le faire : renseignez-vous sur les procédures en vigueur concernant ce que les PJs devront faire à l’époque où ils jouent. Bien que quelque peu fastidieuse, la recherche sérieuse, comme pour tous les aspects d’un jeu de rôles contemporain ou moderne, est le prix de la vraisemblance.

Pour les mondes médiévaux, fantastiques ou futuristes, la question est bien différente… Les bureaucraties sont quasi inexistantes dans la plupart des mondes médiévaux, mais elles font une entrée remarquée dés que l’on joue un scénario un peu politique dans lequel entrent en jeu une guilde de messagers ou postillons, une corporation d’artisans, une association de marchands, la capitainerie d’un port, la sénéchaussée d’un domaine ou la cour d’un souverain !

L’administration mandarinale de la Chine médiévale (aux fonctionnaires promus en fonction d’examens) ou la bureaucratie de la Perse ancienne (la comptabilité des satrapes établie par des scribes), comme le système politique et administratif de la Grèce classique (recensements, dèmes et taxation) ou de la Rome antique (administration d’un immense empire par un corps de fonctionnaires impériaux et plusieurs classes de nobles), les offices d’ancien régime… Tous sont des bureaucraties.

Toutes les organisations ont besoin d’administration : même au moyen-âge, les registres des naissances, baptêmes et mariages sont tenus par les églises, la perception des taxes a besoin de chiffrer le revenu de chacun, les prêteurs sur gages, guildes, banquiers et investisseurs ont besoin de comptables et d’experts pour estimer les risques, et s’il y a plusieurs clercs ayant un pouvoir décisionnel mineur il faut une hiérarchie et une chaîne de responsabilité claire montrant qui a accès à quoi…

Dans les Royaumes Oubliés (un univers pour D&D) les temples s’occupent de la plupart des tâches administratives, ne serait-ce que pour percevoir la dîme et tenir le compte des adeptes… Les plus grands gèrent un domaine, un jardin et des terres qu’ils peuvent louer et dont ils peuvent vendre les produits. Certains ont d’autres devoirs, comme la transmission de messages ou l’activité bancaire. Dans Warhammer, les temples de Morr servent de cimetières, et ceux de Verena de tribunaux.

Jouez ce que bon vous semble, l’inspiration ne manque pas… Cela n’a pas une grande importance. Il suffit qu’à un moment, vous estimiez juste que vos PJ aient besoin d’une autorisation ou d’une information sur un “service public” de leur monde (comme par exemple “à qui a appartenu cette maison” ou “qui s’occupe des taxes, ici” ou encore “à qui s’adresser pour obtenir une audience avec le Roi”…) pour vous piquer d’inventer une administration de toute pièces.

Avec une bureaucratie envahissante, quel que soit le but de vos héros, il y a forcément une agence qui s’en occupe !

La première vraie question quand vous imaginez une administration, c’est : à quel point voulez-vous que les usagers aient envie de torturer à petit feu chaque fonctionnaire, un par un, avec une cuiller à pamplemousse ? Vous voyez très bien ce que je veux dire. Surtout si vous avez fait la queue pour un formulaire lors de votre pause déjeuner, repartant finalement bredouille par manque de temps, ou que vous avec eu des ennuis avec votre téléphone ou Internet.

En termes clairs, quel est le degré d’efficacité du système ?

Un facteur de frustration modéré est sans doute ce que la plupart des gens rencontrent dans leur vie de tous les jours : Tous les fonctionnaires en sont pas bien formés, tous ne sont pas idéaux pour le poste qu’ils occupent, la plupart s’ennuie et s’intéresse peu aux usagers, toutes les lois et tous les règlement n’ont pas forcément de sens pour les gens qui sont chargés de les faire appliquer, il y a trop de redondances (ou pas assez) dans le système, trop peu de contrôles… Bref, ça marche à moitié.

Dans un jeu de rôles (particulièrement futuriste), il est tout à fait possible de créer une administration parfaitement fluide. Les communications instantanées, les systèmes automatiques et les Intelligences Artificielles appropriées peuvent réduire largement à zéro le temps d’attente et les contradictions dans les informations inhérentes à la variété des interlocuteurs humains (le syndrome de “on vous a dit que c’était ce formulaire ? on vous a mal renseigné”…).

Pour les administrations médiévales, une faible population et une absence de gestion centralisée fait que de petites équipes locales (voire une seule personne, assortie de quelques clercs… les maîtres de petites guildes et les marchands font leurs comptes eux-mêmes…) s’occupent de tous les aspects administratifs. L’administration n’est pas faite pour le public. Si vous êtes noble ou que vous avez les bons contacts, vous allez directement voir le fonctionnaire concerné, point.

Même dans une administration futuriste, vous pouvez faire dans le cauchemardesque. Voyez le film Brazil, par exemple… Et si votre système est fluide, il suffit d’un cas qui n’a pas été prévu pour que la frustration crève soudain le plafond. Des exemples d’administrations ultra-complexes, desquelles il est presque impossible d’obtenir quoi que ce soit, aux fonctionnaires absentéistes et je-m’en-foutistes, sont courants dans notre monde moderne. Surtout si vous vivez en France.

Dans les pires bureaucraties, les plus envahissantes et les plus sclérosées (Corée du Nord, France absolutiste, France de la IIIe République, états communistes des années 60, républiques bananières d’Afrique et d’Amérique…), le seul moyen de faire avancer votre cause, de motiver l’employé qui s’en fiche et dont le salaire médiocre ne varie pas en fonction des résultats, est le fameux “bakchich”, graissage de patte devenu systématique et socialement accepté.

Dans tous les cas, il se peut que la réglementation qu’on fait appliquer soit sujette à interprétation, contradictoire, hors d’âge, se morde la queue (cas classique courant de nos jours : vous avez besoin d’un formulaire pour commencer une activité, le formulaire ne peut être obtenu que si vous certifiez que vous avez commencé votre activité…), que la pénurie et le nombre de demandes force les fonctionnaires à effectuer un tri “au jugé” et pousse à la prévarication ou à la falsification…

Un système peut être si compliqué que des choses s’y produisent sans qu’on s’ache d’où, ni pourquoi, sans que ça n’ait le moindre sens… Des postes ne servent à rien (“troisième vérificateur de signature”, par exemple), des règlements absurdes sur des choses que personne ne comprennent irradient de la hiérarchie, promulgués par des gens déconnectés de la réalité, qui ne le font souvent que pour bien se faire voir de leurs propres supérieurs et donner l’impression d’avoir fait quelque chose…

C’est parfois très drôle… Pour le MJ.

“La section 486c sur les reptiles, serpents, et organismes à sang-froid de plus de quatre coudées du décret de 1078 concernant les nuisances magiques (et son addendum de 1099) stipule clairement que de tuer ce dragon nécessitait un permis rose, obtenu grâce au formulaire 7bis de couleur bleue du ministère des eaux et forêts, contresigné par un mage fonctionnaire, et non une classique licence d’aventurier de niveau 4, même tamponnée officiellement par une guilde reconnue…”

La deuxième question à se poser, c’est… combien de têtes le dragon a-t-il ?

Les pires administrations sont souvent sans tête. Incontrôlées et incontrôlables, indépendantes de tout pouvoir, les dirigeants du pays ayant les mains liées, la bureaucratie sans tête contrôle tout, ou au moins tout son domaine… C’est le niveau kafkaïen maximal. La communication est si complexe et les redondances si nombreuses que personne ne sait vraiment à qui adresser quelle demande, et que chaque fonctionnaire n’est même pas certain de ce qu’il est supposé faire.

Les ordres arrivent et sont suivis pour des raisons inconnues, si absurdes soient-ils. Les conséquences, si incroyables et stupides soient-elles, ne sont la faute de personne. Personne ne sait qui est responsable, personne ne sait plus qui fait quoi, personne ne sait qui détient les rennes, et, peu à peu, une vérité se fait jour : personne ne contrôle plus rien. L’administration est un échec, elle s’est auto-décapitée, les procédures s’inventent et se suivent par pure habitude, parce qu’il “faut des procédures”.

L’hydre est un type d’administration avec lequel nous sommes relativement familiers… Un grand nombre de têtes, un grand nombre de serpents, chacun responsable de choses différentes. Les cous sont emmêlés, mais au moins il y a des domaines d’autorités précis, des agences dont la fonction est connue, des supérieurs clairs à contacter, et des responsables clairement identifiés. Les têtes travaillent cependant rarement ensemble, et passent leur temps à se mordre les unes les autres.

Lorsqu’on arrive à les faire travailler de concert, les agences et les départements, les têtes de l’hydre, peuvent accomplir de grandes choses… voire même ce qu’on leur demande. La plupart du temps, elles tirent chacune dans des directions différentes, et chaque groupe a parfois même une juridiction qui recouvre celle d’un autre (comme le système administratif français actuel… ou le système juridique américain, certaines enquêtes pouvant être reprises à la police par le FBI).

La bureaucratie cyclopéenne, à une seule tête, n’a qu’une seule vision, et elle compte bien l’atteindre en dépit de tout le reste de l’univers. Généralement, il s’agit d’une dictature, ou d’un régime avec un homme fort à sa tête, capable d’engager des réformes ou de tuer ses opposants de manière à ce que toute la machinerie de l’état soit orientée dans un seul but… Souvent, il s’agit de l’effort de guerre, ce qui change tous les aspects de l’économie et de la société.

Dans d’autres cas, hélas aussi courants, tout le système (lois, règlements, codes…) est orienté vers la promotion d’une religion ou modelé selon les préceptes d’une seule doctrine… L’exemple du régime stalinien ou de la théocratie des Talibans viennent immédiatement à l’esprit, tout comme l’Allemagne nazie dont l’économie et la législation toute entières étaient orientées vers la production, la conquête, la guerre et la propagande d’une certaine idéologie.

Enfin, la plupart des agences sont des caméléons… Elles peuvent avoir l’air sans tête, mais être contrôlées en sous-main par un petit groupe de technocrates qui concentrent tous les pouvoirs d’une administration hydrique, ou même d’un seul chef qui ce groupe en fin de compte cyclopéen, mais aux buts cachés… De même, une administration en apparence contrôlée par un ou plusieurs chefs peut s’avérer sans tête, fonctionnant par habitude et/ou grâce à l’endoctrinement.

Tout cela est bel et bon, mais en jeu, vous n’aurez pas besoin de détailler les moindres rouages de votre machine… Simplement ceux avec lesquels les PJ vont interagir.

Les héros, comme tout un chacun, seront rarement confrontés avec tous les aspects d’une administration monolithique… Et si c’est le sujet de votre scénario, vos joueurs pourraient même vous en vouloir. Enfin, à moins qu’il ne puisse s’achever avec succès par une révolution galopante brûlant tous les bureaux et leurs occupants et salant la terre sur son passage pour qu’aucun formulaire ne repousse… Mais je m’égare.

D’article en article, je me répète, mais, une fois de plus, posez-vous les bonnes questions :

A qui les usagers doivent-ils s’adresser pour leurs soucis d’ordre administratif, l’enregistrement de leurs plaintes, ou pour obtenir leurs permis et formulaires ? Est-ce qu’il y a une antenne dans chaque communauté ou un bureau centralisé à la capitale ? Est-ce qu’il y a des notaires publics pour rédiger les testaments, les actes administratifs, les contrats ? Des prêtres ou des officiels assermentés s’en occupent-ils ? Des firmes de comptables, ou des bureaucrates errants ?

Est-ce que des inspecteurs (inquisiteurs, auditeurs, huissiers, percepteurs, grands prêtres, juges itinérants, etc.) viennent, parfois par surprise, examiner les comptes des gens et faire appliquer, parfois grâce à des mercenaires, le pouvoir de l’administration ? Est-ce que les représentants de la guilde ou du syndicat (probablement corrompus) vont venir réclamer leur dû et “inspecter” l’activité ou la boutique nouvellement ouverte de l’un des PJ ?

De quoi a-t-on besoin et que doit-on faire ? Quelqu’un qui devient forgeron a-t-il besoin d’un permis, tout spécialement pour vendre des armes ? Qu’en est-il de la chasse en pleine nature ? Quels sont les délits graves et ceux qui sont le plus souvent ignorés (sauf quand quelqu’un vous en veut personnellement) ? A quel moment vous envoie-t-on un avertissement/ vous force-t-on à fermer/vous assigne-t-on à comparaître/vous fait brûler dans le mystérieux incendie de votre maison ?

Lorsqu’un PJ a besoin d’un papier officiel, d’une autorisation, d’une licence ou d’un laissez-passer, combien de temps cela prend-il ? Entre combien de mains la requête passe-t-elle jusqu’à ce qu’elle arrive à la bonne personne ? Ces intermédiaires savent-ils ce qu’ils font ? Doit-on simplement faire une demande à un guichetier, ou doit-on se justifier auprès d’un haut fonctionnaire difficile à joindre et très occupé ?

Enfin, les héros ne seront peut-être pas assez importants, pas en mesure d’atteindre les niveaux suffisants pour parvenir aux bons interlocuteurs… Surtout si, au niveau 1 et sans réputation, ils pétitionnent un duc ou un prince. Songez combien il serait difficile à la plupart des gens d’obtenir une audience avec le Pape ou la Reine d’Angleterre ! Et souvenez-vous que, même alors, le vrai pouvoir n’est pas forcément exercé par la tête la plus visible : c’est souvent le chambellan qui s’occupe des “détails”.

Si les PJ doivent ne passer par là, à vous d’examiner ces différents aspects, et de le répercuter dans votre scénario sous la forme de PNJs. Une seule hiérarchie peut fournir une variété impressionnante d’interlocuteurs, chacun d’entre eux un PNJ en propre, et pas (forcément) une simple silhouette portant un nom aléatoire ! Chaque fonctionnaire a sa personnalité et ses points faibles. Si vous avez déjà travaillé dans un bureau, vous avez là un puits d’inspiration tout trouvé…

La réceptionniste superficielle et hargneuse qui papote avec sa collègue, la secrétaire au décolleté impressionnant et à l’incompétence presque aussi insondable, le petit chef mouche du coche obséquieux avec les puissants, l’inadapté social renfermé sans aucune émotion, celui qui pue et qui a des pellicules, celui que la vie de bureau a rendu complètement fou, celui qu’on découvre pendu dans son bureau quand on ouvre la porte, et ainsi de suite…

Même sans aller aussi loin dans la noirceur, sachez rendre ces personnages aussi réels que possible, ils n’en seront que plus agaçants.

Pensez à la série The Office, pensez aux Vogons dans le Guide du Routard Galactique… Pensez aux gens obtus et butés, ou étonnamment créatifs, engoncés dans un environnement austère qui étouffe toute créativité, comme des moines dans un temple, mais qui restent par sacerdoce ou simplement parce que ça vaut mieux que de travailler de ses mains pour ses trois repas par jour… C’est d’ailleurs exactement la description du subalterne médiéval moyen, réservé à une certaine élite.

Ce niveau de détail est particulièrement indiqué si votre scénario a pour thème l’administration.

Et cela peut arriver, ne riez pas ! Songez que si vous jouez dans un cadre fantastique dans lequel, par exemple, la magie ets réglementée, de même que la profession d’aventurier, Cela vous arrivera fatalement. Même si vous jouez dans un univers plus “classique”, votre paladin pourrait avoir à s’adresser au corps des généalogistes royaux pour prouver son lignage et conserver son droit à porter des armes… Lui, le puissant guerrier, soumis à de petits scribouillards mesquins !

Pourquoi ne pas employer les ficelles de l’article de Trajan sur la magie des pactes ? Présentez à vos joueurs quelques contrats bien sentis, rédigés en tant qu’aide de jeu, et même à l’occasion un ordre de mission, un formulaire à remplir, une lettre officielle, une assignation, un passe-droit, un certificat… Pourquoi ne pas faire de l’obtention d’une lettre de marque le sujet même de votre scénario, ou au moins de cet arc de l’histoire ?

Une lettre de marque, c’est une autorisation royale d’exercer une activité autrement illégale, généralement la piraterie, sur les ennemis de la couronne… Ce qui est exactement ce que font les aventuriers d’habitude : assassiner nettoyer les non-humains barbares du Royaume, et voler acquérir leurs trésors magiques maigres ressources en guise de paiement. L’obtention d’un tel permis peut même être une quête à elle-seule !

Et puis, tout n’est pas rose… Votre Vampire a-t-il son permis de conduire ? Est-il périmé ? Comment l’obtenir la nuit ? Votre investigateur a-t-il vraiment le droit d’avoir de la dynamite, trois fusils de chasse et une mitrailleuse Thompson dans le coffre de sa voiture ? Il peut vous arriver des bricoles si vos permis de chasse, de port d’arme ou autres ne sont pas à jour, surnaturel ou pas. Essayez de vous balader avec un semi-automatique à Paris, et vous verrez !

Tout gribouillis en bas d’une page peut être le début d’une grande aventure… Que faire lorsqu’un PNJ désespéré fait appel aux héros pour qu’ils l’aident à circonvenir un contrat magique qu’il a signé sans savoir ? Que se passe-t-il lorsque le maître de la guilde des marchands locale se fait voler son sceau, et que donnerait-il pour le revoir avant que quiconque ait vent de l’affaire, si possible avec l’assurance qu’il ne soit pas copié ? Comment entrer dans le palais sans laissez-passer ?

Et quid des faux laissez-passer a l’air parfaitement officiels qu’utilisent des contrebandiers pour entrer dans la ville sans se faire fouiller par les gardes ? Ayant été honorés d’un titre officiel (ou officieux) et avoir côtoyé le Roi après une action d’éclat, les PJs ne vont-ils pas recevoir les doléances de paysans qui les voient comme des intercesseurs ? Un PJ anobli n’a-t-il pas la responsabilité d’un domaine (voir mon article sur la noblesse, à ce sujet) ?

Le mage du groupe ne revient-il à son université, en quête de savoir, que pour y trouver la trace de conflits meurtriers entre des bureaucrates tous capables de lancer de puissants sortilèges ? La guilde des voleurs et assassins n’a-t-elle pas, elle aussi, des comptes et une administration à faire tourner, quelle est leur punition pour malversations financières, et qui gagnerait à faire accuser le voleur du groupe ?

Ce ne sont que quelques-unes des idées de scénarios qui tournent autour de problèmes administratifs… L’administratif n’a pas besoin de ne servir qu’à frustrer les PJs.

Il y a bien d’autres accroches, même indirectes. Un fonctionnaire brimé devient fou et prend tout son immeuble en otageUn officiel autoritaire embauche des PJs mercenaires pour faire appliquer ses décisions et l’escorter lors de ses “inspections”Un intendant embauche des PJs aventuriers pour s’assurer qu’un courrier confidentiel arrive à bon port, ou, au contraire, on embauche les PJs pour éliminer l’inquisiteur ou voler le message secret

En fin de compte, les administrations font tourner le monde, le vôtre y compris, si fictif soit-il… Ou au moins une bonne partie. Rien que cela, seul, justifie pleinement qu’on s’y intéresse en jeu… Et l’inspiration est si aisée à trouver pour ce genre de choses : Il suffit de regarder autour de vous et de changer quelques menus détails pour obtenir la base d’histoires originales et de nouveaux défis pour vos personnages trop habitués aux conflits armés.

Et si vos joueurs savent tirer bonnes ficelles et payer les bons pots de vin, la bureaucratie pourrait-bien leur rendre la vie plus facile !

  1. Ouh, très interessant ! J’ajoute que le jeu de rôles Exaltés propose une compétence Bureaucratie, avec des pouvoirs divins associés permettant d’accélérer ou de ralentir les administrations. On est dans un jeu de rôle d’inspiration taoïste sino-japonaise, avec un équivalent de la bureaucratie céleste. On peut donc même rendre les dieux eux-même plus accommodants, avec ces pouvoirs.

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